Sabrina Agaba, 41 ans, 2e dan, chargée de projet en CCAS, Hauts-de-Seine
« Quand Sabrina a une idée en tête, impossible pour elle de revenir dessus et, dans 99 % des cas pour ne pas dire 100 %, elle va s’engager à fond pour la réaliser. » Ces mots, de la bouche de Najim Laouchir, président de l’association Art-Libre basée à Clichy-la-Garenne en banlieue parisienne, ne sonnent pas comme des paroles en l’air au regard du parcours de cette mère de trois jeunes judokates.
Après avoir, à l’âge de six ans, délaissé la danse pour le judo dans le sillage de son frère – avec un goût prononcé pour la compétition – c’est quasiment sur un coup de tête qu’elle s’inscrit en 1999 pour les tests du Brevet d’État d’Éducateur Sportif Activités physiques pour Tous (BEESAPT). Le Bac pro commerce passe alors au second plan, pour enchaîner sur un BEATEP (ancien BPJEPS) qui lui donne des envies d’ailleurs. « Je voulais simplement voir autre chose, dans le judo ou ailleurs, explique Sabrina Agaba, fille d’un couple franco-algérien. Et c’est là qu’un ami me parle d’une connaissance partie en stage de fin d’études avec une ONG, en Guinée, où il avait pu faire du judo. » Ni une, ni deux, l’ACAUPED (Association pour la Coordination d’Actions Utiles aux Pays En Développement) reçoit son appel, bloque un rendez-vous dans la foulée et lui réserve un billet d’avion décollant trois semaines plus tard ! « Comme moi, je ne suis même pas sûr qu’elle savait situer la Guinée, sourit Najim Laouchir, qui la rejoindra deux mois plus tard à Mamou, à 250 kilomètres au Nord-Est de la capitale Conakry. Mais quand elle m’a affirmé qu’il y avait tant à faire avec les locaux, je n’ai pas hésité ! » Les cours du judo s’enchaîneront durant cette première année en immersion, qui s’achèvera par l’inauguration officielle du Judo Club Mamou Sabrina Agaba.
Depuis ? Les allers-retours se sont enchaînés, tantôt avec des dizaines de judogis, des hauts gradés ou des clubs motivés à faire fructifier le travail de sape de Sabrina, ravie de voir le judo se développer sous la houlette de ses premiers élèves devenus professeurs, tout en voyant d’autres projets fleurir au fils des années. « Avec Art-Libre, nous sponsorisons aussi des actions autour du volley-ball et du basket-ball. Nous profitons aussi de toutes les petites forces présentes dans l’association pour appuyer sur le volet éducatif, avec des échanges réguliers entre l’école de mes filles et les écoles de Mamou, des formations initiales en pharmacie, en kinésithérapie… » Et sur place, la simple évocation de son nom illumine les visages. « C’est la femme la plus engagée que j’ai jamais rencontrée, affirme Mamadou Alpha Diallo, qui la supplée désormais au club qui compte une petite centaine de pratiquants. Malgré son petit gabarit, cette dame de fer n’a jamais lâché, à l’image d’un explorateur qui ne se fatigue pas tant que l’objectif n’est pas atteint. Elle nous a beaucoup appris par sa détermination et son courage, et en nous faisant tous tomber aussi (rires) ! Quand elle m’a remis un judogi après quelques mois passés sur le tapis en pantalon et en pull-over, elle a définitivement accroché le judo dans mon cœur. »
Une prescriptrice humble et sincère.
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo