Isabelle Schmitt, 59 ans, 5e dan, Avenir Judo Strasbourg (Bas-Rhin)
« Je n’aime pas me mettre en avant. Mais si on parle judo, alors là, je deviens très bavarde », sourit la Mosellane avec toute la retenue qui la caractérise. Et tant pis si le mot peut paraître parfois pompeux : Isabelle Schmitt est ce qu’on appelle une « figure » du judo. Une vie dévouée à la discipline, et dont la personnalité est marquée du sceau de l’intégrité et de la générosité.
C’est à sept ans qu’Isabelle découvre le judo, « sur avis médical ». « En effet, j’étais fragile et introvertie. » Ses premiers pas, elle les fait sur les tatamis du JC Stiring-Wendel. « C’était impressionnant. Le dojo était situé au sous-sol d’un bâtiment communal, c’était une aventure, d’autant que j’étais la seule féminine. » Très vite, Isabelle prend goût à l’activité et à la compétition, après avoir rejoint le club de Petite-Rosselle, où elle apprend véritablement à aimer le judo. « Je participe à mes premiers championnats de France en 1979. Il n’y a alors pas de catégorie de poids et une unique catégorie d’âge (seniors)… et je me retrouve à être sur le même tapis que Jean-Luc Rougé, à admirer le judo de Bernard Tchoullouyan ! » Une époque où Isabelle rencontre régulièrement Jocelyne Triadou (première championne du monde française en 1980, NDLR), Paulette Fouillet, Catherine Pierre ou Brigitte Deydier, toutes membres de l’équipe de France féminine. En 1980, elle atteint les demi-finales des championnats de France, battue aux drapeaux dans une salle de Coubertin en feu. Finalement cinquième, Isabelle reçoit alors une lettre de Pierre Guichard, DTN de l’époque, pour rejoindre l’INSEP. Sa mère mettra son veto. « L’un des grands regrets de ma vie », souffle-t-elle.
En 1982, la voilà professeur, tout en continuant sa carrière de compétitrice, avec des titres en corpo et en UNSS. À vingt-cinq ans, elle a déjà donné naissance à trois enfants : Alain, médaillé mondial 2013 en -81kg et actuel directeur technique du club de l’ES Blanc-Mesnil Judo, Frédérique, médaillée de bronze aux Europe -23 ans 2006, et Cédric, qui lui servit de partenaire pour son cinquième dan. Cinq ans plus tard, la voici diplômée du Brevet d’État en autodidacte.
Quelques années plus tard, cette femme « souriante, calme et posée » selon son ami Christian Chabosseau, président de la ligue de Lorraine entre 1999 et 2012, continue, plus que jamais, à faire du judo pour les autres, devenant formatrice des arbitres et commissaires sportifs, mais aussi membre de la commission sportive de la ligue pendant de longues années. Fan de romans policiers, d’athlétisme et de lutte, Isabelle est depuis 2007 éducatrice dans un foyer pour adultes handicapés, après avoir enchaîné les remplacements. Dernièrement, c’est par la photographie que « cette excellente judokate, à la mémoire judo phénoménale » comme l’indique encore Christian Chabosseau, aborde sa passion. Une nouvelle manière d’appréhender le judo – « qui m’a apporté ténacité, empathie et respect » – pour une femme « qu’on ne peut qu’apprécier », comme le résume joliment son ami Christian.
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo