Fabien Constant
52 ans, 4e dan, professeur d’EPS en collège et de judo à Bourges Judo (Cher)
C’est avec la voix presque gênée de ceux qui n’aiment pas se mettre en avant qu’il déroule son parcours.
En 1976, à dix ans, Fabien Constant pousse les portes du Bourges Judo – CBBJ à l’époque – et devient vite un fondu de compétition. Talentueux, il décroche plusieurs Top 10 en championnat de France deuxième division, une sélection en équipe de France juniors et un titre de vice champion de France universitaires. Si son passage au pôle France d’Orléans ou ses études en Staps à Clermont-Ferrand l’ont parfois éloigné, il n’a jamais rompu le lien avec le club de ses débuts, où il s’entraîne et enseigne toujours… quarante-deux ans plus tard. Devenu professeur pendant ses études, il se montre tout de suite à la hauteur et se voit confier les stages départementaux. « À vingt ans, il savait déjà comment prendre un groupe d’enfants en main, se souvient Jean-Paul Pouillard, président du comité de l’époque et membre du club berruyer. C’est un excellent pédagogue. »
Depuis deux ans, Fabien Constant, quatrième dan, avoue toutefois lever le pied sur sa pratique. « Je vois toujours les ouvertures, mais je n’ai plus la même vitesse ni la force, donc c’est un peu frustrant », regrette celui qui est resté compétiteur dans l’âme. « Mais j’ai déjà tellement de chance d’être où je suis… » Car en 2007, un grave accident de moto le laisse deux semaines dans le coma, avec deux vertèbres cassées. Il frôle la paralysie, mais fini par se remettre après un an d’arrêt de travail. Et par reprendre le sport. « À part le genou qui refuse de se plier lors du salut, tout fonctionne à peu près. Ça a été un tel bonheur de reprendre… » Un bonheur partagé. Car Bourges Judo, pour lui, c’est d’abord « une ambiance assez extraordinaire qui (m’)a donné beaucoup d’amis ».
Ce sont aussi des valeurs qui l’ont aidé à avancer dans la vie, à calmer l’adolescent turbulent qu’il était ou à récupérer après son accident. Lorsqu’il tombe le kim’, Fabien Constant est professeur d’EPS au collège. L’enseignement, encore. Dans son établissement, il a monté une section judo pour « accompagner et développer les jeunes prometteurs ». Le judo, toujours. Membre du bureau de son club depuis une vingtaine d’années, il est de ces bénévoles qui donnent « pour rendre ce que le judo m’a apporté ». « Il est d’une gentillesse exceptionnelle, toujours prêt à rendre service. Voir quelqu’un débuter dans un club, puis franchir toutes les étapes de sa vie d’homme, devenir professeur, un pilier, c’est une histoire parfaite. C’est ça, la réussite », souffle Denis Lambert, l’actuel président du club. « Tous les ans, j’essaie de le présenter pour une médaille départementale, mais il ne veut jamais signer la demande », rigole Jean-Paul Pouillard qui l’a vu évoluer depuis tout petit. Sa récompense, c’est le tapis.
Rédaction par la revue L’Esprit du Judo