Il y a certaines histoires ou trajectoires qui dépassent largement le simple cadre du football. Demandez donc à Philippe Clément, au FCO Firminy Insersport et à la famille Bouyer.
Philippe Clément, un homme qui vous veut du bien – Normandie / Calvados
À 51 ans, Philippe Clément ne va plus en boîte de nuit pour recruter des joueurs comme il le faisait à ses débuts, il y a un quart de siècle. Les temps changent… Mais le bonhomme reste le même. Lui qui vient de fêter son 900e match sur le banc du Sport Union Dives Cabourg mise sur l’humain depuis toujours. “J’aime les gens et le football. J’ai besoin de cette adrénaline qu’on ne peut pas ressentir au quotidien, raconte l’entraîneur. Un but à la 90e minute crée des sensations uniques.”
Joueur au centre de formation du Stade Malherbe de Caen dans les années 1990, Philippe Clément n’a que 23 ans lorsqu’il répond à une petite annonce publiée dans un journal local. Pour devenir coach, il accepte de débuter au plus bas de l’échelle à Dives Cabourg. “On s’est d’abord fiancé puis on s’est marié et… on n’a jamais divorcé. Je ne pensais pas rester 28 ans…”, avoue-t-il.
Près de trois décennies après son arrivée, Philippe Clément ne fait plus qu’un avec son club. Son épouse, cheffe d’entreprise le sponsorise, et ses quatre enfants (trois garçons et une fille) portent ses couleurs. “Ici, j’ai carte blanche pour travailler”, se réjouit le coach aujourd’hui en National 3. Mais comment fait-il pour durer ? “La base c’est le respect, un véritable passeport pour la vie. Nous sommes des entraîneurs ou des joueurs mais avant tout des hommes. Ma fierté c’est qu’après tant d’années, tous mes joueurs me parlent encore. Je ne suis fâché avec aucun d’entre eux. Certains évoluent toujours avec moi depuis 15 ou 20 ans.”
En 900 matchs, Philippe Clément a connu des montées et des relégations, un match à La Beaujoire mais aussi une qualification pour les 32es de finale de la coupe de France en 1999, un événement qui mobilisa le village entier ! Et maintenant ? Cap sur les 1000 ? “Je n’y pense pas. Si j’y parviens, cela voudra dire que tout s’est bien passé. Je continue à prendre du plaisir. Être heureux et rendre les gens heureux, voilà mon objectif. Ça n’a pas de prix !”
À Firminy, le foot sans différence – Auvergne-Rhône-Alpes / Loire
Créé en 1940, le FCO Firminy Insersport, dont l’équipe seniors masculine évolue en Régional 1, conçoit son activité au-delà de la simple pratique du football. Véritable acteur social, le club se voit comme un vecteur d’inclusion.
Depuis 2006, une section affiliée à la Fédération Française de Sport Adapté (FFSA) accueille une quarantaine de joueurs de 10 à 60 ans atteints de déficience mentale ou psychique. Ils se répartissent en deux catégories : les adolescents (10-19 ans), issus de classes ULIS ou CLIS jouent le mercredi et les adultes le jeudi soir. Deux entraînements encadrés par Audrey Tamet (28 ans) une éducatrice spécialisée diplômée, salariée du club. “Nous avons signé une convention avec l’Institut Médico-Éducatif. Nous individualisons toutes les séances”, assure-t-elle.
Échauffement avec ballon, petits ateliers basés sur la psychomotricité, exercices techniques, positionnement sur le terrain… Les joueurs progressent rapidement au point de participer à des matchs et des tournois. Les adultes disputent le championnat régional FFSA. “À l’origine, cette section visait à éviter de refuser des licenciés. Nous voulions intégrer tout le monde. L’épanouissement personnel demeure notre objectif, explique Audrey Tamet. A travers un sport collectif, ce public handicapé développe des capacités physiques et mentales. Entre septembre et juin, nous notons une évolution sportive mais également dans la personnalité. Au début, ils se montrent un peu timides car ils vivent mal leur différence. Mais ici, tout le monde s’accepte comme il est. Nous créons du lien social. D’ailleurs, nous aimerions à l’avenir toucher les plus jeunes, dès l’âge de 6 ans.”
Une mixité qui rejaillit sur tout le club. Les joueurs de la section football classique côtoient les pratiquants de la section FFSA permettant ainsi le brassage et les rencontres parfois même sur le terrain. A Firminy, le football efface les différences.
À Ancenis, les Bouyer brillent – Pays de la Loire / Loire-Atlantique
La famille Bouyer et le Racing Club d’Ancenis, une longue et belle histoire d’amour. Au début des années 1990, quand le club évoluait en deuxième division, Denis jouait milieu de terrain. Trois décennies plus tard, alors que l’homme de 56 ans entraîne Mauves Le Cellier à quelques kilomètres de là et que leur mère Fabienne occupe le poste de secrétaire de l’association, leurs deux fils, Matthieu (30) et Guillaume (25) portent le maillot tango. Et même si le club est devenu le RC Ancenis Saint-Géréon, une fierté identique les anime.
Les deux frangins ont débuté dans les catégories de jeunes avant de tenter leur chance à l’étage au-dessus pour finalement revenir à leur premier amour. Le cadet, Guillaume est passé par le centre de formation du prestigieux FC Nantes puis à Chateaubriant. Il y a quatre ans, il décide de revenir au bercail. L’aîné, Matthieu, a fait un crochet par Versailles avant de rentrer à Ancenis l’été dernier. Des retrouvailles sportives et personnelles qu’ils savourent à leur juste mesure. “On jouait ensemble quand on était gamins mais jamais en club en raison de la différence d’âge, se souvient Guillaume. On en avait très envie. C’est chose faite. On prend énormément de plaisir.” Pour ne rien gâcher, les compères évoluent dans le secteur offensif.
Guillaume attaquant de pointe et Matthieu milieu offensif. Entre eux, la connexion tombe sous le sens. “La complicité est naturelle, on se trouve facilement sur le terrain, analyse Guillaume. On connaît les qualités de l’autre.” Premier de son groupe en Régional 2, le RC Ancenis Saint-Géréon pourrait bien grimper encore pour se rapprocher de sa gloire d’antan. Et prolonger ainsi la belle aventure des Bouyer. Pourquoi ne pas envisager un jour de réunir toute la famille ? “On n’y pense pas, assure Guillaume. Moi, je me plais ici, je suis chez moi. Je n’ai pas encore d’enfants mais j’espère qu’un jour, ils joueront à Ancenis pour perpétuer la tradition !”
Rédaction par la revue Vestiaires