Benjamin Dutreux
Sportraits

Benjamin Dutreux

Me retrouver seul en mer m'a appris à être plus mature.

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Sportraits
Benjamin Dutreux
Me retrouver seul en mer m'a appris à être plus mature.

Dès l’âge de 8 ans, ma famille s’est installée sur l’île D’Yeu. Je me souviens très bien de ce sentiment de liberté ressenti en arrivant sur l’île. Je faisais du vélo avec les amis, j’ai aussi fait de l’athlétisme et du football mais c’est la voile qui s’est rapidement imposée à moi. Dès l’âge de 9 ou 10 ans, je suis monté sur des bateaux avec le club des Plaisanciers et j’ai compris que ce qu’il me fallait était la compétition. J’ai alors décidé d’aller m’entraîner dans un club sur le continent. J’étais très motivé, je partais en bateau le matin pour rejoindre le club depuis l’île d’Yeu et je rentrais chez moi le soir également en bateau, encouragé par mes parents et un super entraîneur.

Gagner en maturité grâce à la voile

A mes débuts de skipper, j’étais râleur, j’ai pas mal changé d’équipiers parce que j’avais un esprit de compétiteur assez insupportable pour pas mal de personnes. Lors de ma première course en solitaire, je me rappelle que je me disais que je n’avais pas besoin de dormir et que je tiendrai “à la niaque”.

Mais je me suis retrouvé tellement fatigué que je prenais des décisions qui manquaient de lucidité. C’est là où le sport a une influence sur le tempérament. Cela m’est arrivé, en étant un peu chien fou, de sortir de mes gonds parce que je perdais une place dans la course, avant de réaliser qu’il allait falloir que je gère les choses seul, donc avec calme. C’est grâce à mes premières courses au large que j’ai appris à me poser et que j’ai gagné en maturité.

Water Family

Les valeurs sur un bateau se fondent sur les bases de la vie : dormir, manger, réussir à se gérer soi-même. Cela fait forcément réfléchir sur le fonctionnement du monde actuel et ça fait un bien fou d’être seul sur son bateau à observer la mer ou les animaux, plutôt que d’être collé à son smartphone. Peut-être que ça m’a fait constater quelques aberrations de notre mode de consommation.

Dès lors qu’on imagine avoir besoin d’un nouvel objet pour nous rendre la vie plus confortable, quelqu’un va le fabriquer, et parfois au détriment de l’environnement. Mon rôle au sein de la Water Family est, comme tous les sportifs ambassadeurs de cette association, d’aller au contact des enfants pour les sensibiliser à l’importance de l’eau. Il y a des évènements sportifs, des odyssées organisées pour eux, avec la présence d’experts pour leur dire à quel point l’eau est précieuse. Ils sont très sensibles à la présence des sportifs ou des aventuriers.

Vendée Globe Challenge 2020

Le Vendée Globe c’est une première pour moi, une course autour du monde sans escale, sans assistance, qui part des Sables d’Olonnes, qui fait le tour de l’Antarctique, avant retour aux Sables. Comme en Formule 1, on a tous des bateaux qui dépendent de nos budgets et, avec mes partenaires qui sont principalement des PME industrielles de la région et la Water Family, on est un peu le petit poucet de ce Vendée Globe 2020. Le record de mon bateau pour cette compétition est de 80 jours. C’est l’un de mes objectifs que de le battre, une bonne occasion encore de se dépasser. En tous cas, le sport comme école de la vie, ça me parle. Cela montre que, dans le sport comme dans la vie, on doit surmonter des obstacles, et que c’est justement en dépassant ces moments difficiles que l’on peut passer à autre chose et être heureux, tout simplement.

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