La fin d’une carrière de footballeur professionnel ne rime pas forcément avec l’arrêt de la pratique. Et ce pour le plus grand bonheur des clubs amateurs, qui font alors leur propre mercato, comme en attestent les trois histoires qui suivent.
COS Villers, un recrutement haut de gamme – Grand Est / Meurthe et Moselle
Reconnu pour la qualité de sa formation, le CSO Villers ne devrait pas tarder à l’être également pour l’efficacité de sa cellule de recrutement. À l’initiative de son responsable technique, Jean-Pierre Vardot, le club de la proche banlieue de Nancy vient en effet de réaliser un coup double de haute volée en faisant signer deux ex-professionnels de l’AS Nancy Lorraine. Mickael Chrétien et Landry Nguemo, puisque c’est d’eux dont il s’agit, vont en effet rejoindre les rangs de l’association dont l’équipe fanion évolue en R2 de la Ligue du Grand Est. Le premier nommé retrouvera le terrain et sera, à n’en pas douter, un renfort de choix pour une formation qui devrait profiter en plein de l’expérience du défenseur marocain pour atteindre l’élite régionale. Le second, tout jeune retraité des terrains, prendra en charge les U18 R1 du club. Un virage important pour l’ex-international camerounais qui remplit de la sorte à l’obligation d’entrainer une équipe de football à 11 dans le cadre de la formation du Brevet d’Éducateur de Football (BEF). Une situation dont se réjouit le directeur technique : « On évoque souvent le fossé, voire le gouffre, séparant le monde amateur du milieu professionnel. Mais on oublie encore plus souvent de rappeler qu’il s’agit d’un seul et même sport, régi par la même passion. Concernant Landry, je suis persuadé qu’il deviendra un grand entraineur mais il a besoin de passer par cette étape intermédiaire avant, sans doute, de rejoindre des structures plus huppées. D’ailleurs, à titre personnel, je suis convaincu que tous les coaches officiant dans les staffs pros devraient passer par les catégories jeunes et se frotter aux réalités des clubs amateurs. Ce qu’on y apprend, les capacités d’adaptation qu’on y développe s’avèrent primordiales dans la mesure où elles concourent à compléter leur perception et leur vision du football. Et cela, n’est-ce pas, n’a pas de prix. » Du moins, pour l’occasion, ce sera celui d’une simple licence !
Jacky Duguépéroux, sur le banc en… 5ème division de district ! – Grand Est / Bas Rhin
Coup de tonnerre à l’US Meistratzheim ! Jacky Duguépéroux, l’emblématique entraineur ayant permis au RC Strasbourg de retrouver le statut professionnel, sera bel et bien le prochain coach de l’équipe Seniors 1 locale. Une information prenant toute sa dimension lorsque l’on précise que celle-ci évolue en 5ème division de district, soit le plus bas niveau du football français. Le président, Claude Meyer, explique comment et pourquoi le coach professionnel ayant remporté notamment deux coupes de la Ligue a opté pour cette destination pour le moins improbable : « C’est l’histoire d’un coup de chance ! Nous comptons dans notre effectif un garçon ayant créé le site web Direct Racing qui relaie les informations du RC Strasbourg. Or, un des consultants n’était autre que Jacky Duguépéroux lui-même. En apprenant la chose, j’ai demandé à notre joueur qu’il lui propose le poste de coach de l’équipe. C’était une boutade bien sûr. Et là, surprise des surprises, il n’a pas hésité une seconde et a immédiatement répondu par l’affirmative ! » Une décision surprenante et spontanée venant tout droit du cœur comme le précise le président : « Jacky, c’est la classe tout simplement ! Un homme de valeurs pour lequel le football reste le football indépendamment du niveau. Par ailleurs, comme il l’a mentionné à plusieurs reprises, il est chez nous pour boucler la boucle et pour rendre au football une partie de tout ce qu’il lui a donné. Quelque part, il incarne l’exacte antithèse des stars inapprochables dans le sens où il n’est pas là pour prendre mais bien pour donner. » Afin de compléter le tableau, il convient de préciser que Jacky Duguépéroux file sur ses 73 printemps et qu’il a d’ores et déjà prévu de s’occuper également de l’équipe U13 du club en compagnie de son fils qui rejoindra à son tour l’association.
Jérémy Clément, de joueur pro à entraineur amateur – Auvergne / Isère
La retraite des terrains, une petite mort ? « Plutôt le passage d’un pan de vie à un autre » rétorque Jérémy Clément, l’ex international Espoirs (6 sélections) formé à l’Olympique Lyonnais et passé par les rangs du Paris St Germain, des Glasgow de Rangers ou bien encore de l’AS Saint-Etienne. Une carrière professionnelle exemplaire achevée à l’AS Nancy Lorraine un soir de mai 2019. Le moment choisi pour se rapprocher de l’Isère (38) et plus précisément de Rives, son lieu de naissance et de résidence des membres de sa famille. L’occasion également de passer le BEF afin de préparer sa reconversion en tant qu’entraineur. Une opportunité et une « fenêtre de tir » que n’ont pas laissé passer les dirigeants de Bourgoin Jallieu, lesquelles ont choisi de confier à Jérémy Clément les U14 du club en même temps qu’un poste de joueur au sein de l’équipe fanion (National 3). Une saison malheureusement tronquée par l’irruption du virus COVID 19 mais qui aura convaincu le joueur d’effectuer la bascule définitive du côté des techniciens pour la saison 2020-2021 à venir. Exit les crampons, bonjour le sifflet et le chronomètre ! Comme le précise l’intéressé : « La grande différence, c’est qu’il est plus facile d’être joueur qu’entraîneur ! On se pose moins de questions. C’est un nouveau métier que je découvre et je m’aperçois qu’un éducateur doit penser à tout. » Un exercice pas toujours évident nécessitant une adaptation aux réalités quotidiennes des footballeurs amateurs : « Je dois d’abord prendre en considération le fait que l’immense majorité de mes joueurs travaillent la journée avant de se rendre à l’entrainement. Je ne peux pas leur demander la même charge de travail qu’à des professionnels et ce, même si le niveau auquel nous évoluons nous oblige à nous entrainer quasiment tous les jours. En fait, je ne m’étais jamais vraiment rendu compte du degré d’implication requis pour évoluer dans ces divisions. La moindre des choses pour ce qui me concerne est de faire preuve du même degré d’engagement » Une réflexion attestant que la nouvelle carrière du coach est bel et bien lancée. Qui sait jusqu’où elle le mènera ?
Rédaction par la revue Vestiaires